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Connais-tu la tradition du carnaval en Allemagne ?

  • Le 17/02/2023

Chaque année et pendant une semaine au mois de février, on célèbre le carnaval outre Rhin. L’événement y suscite bien plus d’importance qu’en France, il est même attendu avec enthousiasme et impatience. Mais au fait, c’est quoi le carnaval ? Qui a décidé qu’un jour on se déguiserait au mois de février pour participer à une parade dans les rues ? On va essayer de comprendre l’origine du phénomène dans cet article avant de faire un tour d’horizon des principaux carnavals d’Allemagne. Attachez vos ceintures et suivez le guide…

Le carnaval : Une fête bien plus ancienne que l’on pourrait imaginer

Commençons par un petit voyage dans le temps. Un voyage qui nous mènera aux origines historiques du carnaval en Allemagne. SPOILER : si tu n’aimes pas l’histoire, cette première partie n’est définitivement pas faite pour toi…

Nous sommes au XIII siècle à l’ère médiévale, Frédégonde attend son prince charmant tout en haut de son donjon gardé par des dragons.

Des dragons ? vous ne vous moquez pas un peu de moi là ? Bon OK, on s’est laissé porter par notre imaginaire. Reprenons.

À la mort du souverain Fréderic II, l’empire Allemand se retrouve sans pouvoir central pendant plus de 23 ans. Les villes, autrefois dirigées par des seigneurs, deviennent peu à peu de grandes puissances libres qui prennent le pas sur l’empire. Nous assistons aux origines de la formation des Lands si chers à l’État Fédéral Allemand. Ce remaniement des cartes au niveau géopolitique entrainera une période d’insécurité et de terreur, terrain fertile au développement des religions et des croyances qui apportent du réconfort ainsi qu’un cadre aux populations en manque de repères.

Heuuuu vous êtes certain que ce n’est pas le scénario de Game of Thrones là ? Ja voll !

Les Allemands, tout comme la quasi-totalité de l’Europe de l’époque, sont alors très majoritairement chrétiens et pratiquants.

Mais allo quoi ! Il est ou le rapport avec le carnaval ? Nous y venons jeune padawan…

Le carnaval est une fête rattachée à la tradition chrétienne sans pour autant en être une manifestation directe. Les chrétiens catholiques pratiquants (on le rappel très nombreux à l’époque) respectent une période de jeûne appelée « le carême » en référence aux 40 jours passés par Jésus dans le désert. Cette période de privation débute chaque année en février et se termine avant le weekend de Pâques. C’est donc en prévision de cette longue période du carême que l’idée d’une manifestation de joie et d’abondance est née. On profite du dernier jour avant le carême pour manger du gras en quantité (bonjour le mardi gras). D’ailleurs, étymologiquement parlant, carnaval vient de l’Italien « Carne Levare » que l’on traduirait par « enlever la viande ». On comprend bien la volonté de privation pour l’époque lorsqu’il est question d’enlever la viande du repas (un point pour les Végétariens). En Allemagne, suivant les régions (Lands) on pourra entendre parler de Fastnacht, de Fasnad, de Fasnet, de Fasend, de Fasching . On trouvera tout de même dans tous les cas une base étymologique « Fasten » qui signifie tout simplement en Allemand « jeûner ». Retenons que la tradition perdure surtout dans le sud de l’Allemagne car le nord est devenu au fil des siècles majoritairement protestant.

Oui mais pour moi le carnaval c’est surtout les déguisements

Disons que peu à peu, le fête est devenue toujours un peu plus excessive. Les participants ont commencé par mettre des masques pour ne pas être reconnus et pointés du doigt le lendemain des festivités. Puis le masque a laissé place au déguisement intégral pour préserver donc l’anonymat mais aussi parfois l’honneur de participants trop éméchés.

Les différences selon les régions en Allemagne

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Plutôt que de créer un événement unique, on va plutôt en faire trois versions différentes (et même plus). Le carnaval rhénan, le carnaval bavarois et le carnaval alémanique. Il y a donc l’origine historique mais aussi les influences qu’à subi le carnaval au fil des siècles dans plusieurs régions pour en faire aujourd’hui un événement tout autre, selon l’endroit où l’on pourra y assister.

Le carnaval Rhénan que l’on retrouve dans la région du Rhin supérieur ou l’on dira « Karneval » (Cologne, Düsseldorf, Mayence).

Il débute le 11 novembre à 11h11. Non vous ne rêvez pas, on parle bien d’une période de 3 mois pour fêter le carnaval ! À votre avis ils aiment ça ? Cela porte même le nom de 5ème saison, c’est dire son importance. À Cologne, le plus grand carnaval d’Allemagne, on attend chaque année plus d’un million de participants pour assister à la parade de plus de 7 Km de long !

Le carnaval de Bavière ou l’on dira « Fasching » (Munich).

Il débute le 7 janvier, c’est le plus traditionnel et en phase avec l’origine religieuse. On pourra y déguster des beignets fourrés (Berliner) et voir l’habit traditionnel Bavarois, celui porté lors de la fête de la bière, ressortir des placards.

Le carnaval Alémanique que l’on retrouve dans la région du Bade Wurtemberg et de la Forêt Noire qu’on appellera « Fastnacht » ou « Fastnet ».

La particularité de ce carnaval réside dans ses influences païennes. Les participants se déguisent en esprits de la forêt (sorcières, loups, ours, diables…) qui descendent de la montagne avec des masques en bois effrayants afin de chasser l’hiver. Chaque village aura son groupe de carnavaliers et sa propre identité visuelle. Pour vous situer l’importance de cette fête pour les locaux, les masques sont sculptés à la main et transmis de génération en génération. Une véritable affaire de famille…

Des similitudes malgré tout

Globalement et dans tous ces types de carnaval, la dernière semaine est la plus importante. Les événements s’y dérouleront comme expliqué ci-dessous dans l’ordre chronologique :

On commence par le Weiberfastnacht (carnaval des femmes) le jeudi. Durant cette journée, les femmes découpent les cravates des hommes au ciseau et embrassent les passants sur les joues. C’est une manière symbolique de déconstruire la hiérarchie patriarcale.

Puis vient le Geisterzug (défilé des fantômes) le samedi. C’est un défilé alternatif en soirée ou les déguisements porteront les couleurs des 4 saisons.

Le Rosenmontag (le lundi des roses), c’est le jour de la grande parade. On y apercevra un défilé de chars et de fanfares avec des participants costumés jetant des tonnes de bonbons et de roses à la foule.

Le Faschingsdienstag ou le mardi gras. C’est le dernier jour de la période du carnaval et donc l’heure de la rédemption. On brule la mascotte de Mr Carnaval à minuit car il est tenu responsable des excès commis pendant toute la période du carnaval.

Dis donc Kévin tu as un peu forcé hier soir… Non c’est pas moi c’est Mr Carnaval !

Le mercredi des cendres (Aschermittwoch) sonne la fin des festivités.

Est-ce qu’il est nécessaire de préciser que les carnavaliers ont tendance à apprécier la bière en quantité pas toujours raisonnable (Willkommen in Deutschland) ? Enfin une chose sur laquelle tous les Lands ont réussi à se mettre d’accord !

En conclusion…

vous devez comprendre que le carnaval en Allemagne est une véritable institution. Loin du côté exubérant de la version Brésilienne (peut-être car il y fait trop froid pour défiler en petite tenue au mois de février), on lui accorde volontiers un aspect familial et bon enfant. Durant la dernière semaine des festivités notamment, il n’est pas étonnant de voir un certain relâchement de la fameuse rigueur légendaire qui caractérise ses habitants.

Nous vous recommandons fortement de participer une fois dans votre vie à cette fête que vous apprécierez d’autant plus si vous avez la chance de parler l’Allemand.

Ça tombe bien on peut vous aider sur ce dernier point